Nouvelles

Anthropologie française et christianophobie

Dans ce dossier, je souhaiterais partager mon observation répétée de la christianophobie dominante dans les milieux universitaires des sciences sociales en France et plus spécifiquement, de par mon expérience, dans le cadre des études en ethno-anthropologie où la figure de proue est représentée par l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et le Collège de France de Paris. Cette posture idéologique anti-chrétienne, contraire aux exigences de la science et de l’éthique, constitue un véritable filtre, voire un obstacle rédhibitoire aux étudiants qui prétendent soutenir un Master ou un Doctorat dans ces institutions, ou encore mener un projet de recherche sous leurs auspices. Et l’on sait comment, dans ces disciplines, l’obtention de ces reconnaissances académiques conditionne une carrière professionnelle.

Comme fondateur et président d’une ONG qui étudie et pratique la conjonction des médecines traditionnelles amazoniennes et de la psychothérapie et médecine occidentales, en particulier pour des problèmes d’addiction et de santé mentale, nous avons été régulièrement sollicités, au cours de nos 30 années de travail sur le terrain, par de jeunes chercheurs et étudiant. Le Centre Takiwasi constitue un objet de choix de par son insertion locale, sa vaste expérience et la mise à disposition de données thérapeutiques uniques enregistrées de façon systématique par un programme informatique spécifiquement dessiné à cet effet. L’institution a, dès le départ, considéré la recherche comme essentielle, à la fois pour approfondir un sujet très complexe et un angle d’approche novateur, diffuser le résultat de ses travaux et susciter des vocations à reproduire ailleurs des projets similaires.

Afin d’illustrer concrètement nos assertions, nous proposons deux articles nés en réponse à l'article « Les racines émotionnelles de la possession religieuse. Une ethnographie comparative » publiée en 2017 par Arnaud Halloy et David Dupuis dans la revue Intellectica. Nous nous centrerons ici uniquement sur la partie correspondant à David Dupuis qui a effectué sa thèse de doctorat au Centre Takiwasi, document matrice qui est devenu la source des différents articles qu’il a écrits depuis lors.

Cette révision critique répond à la nécessité de présenter une version différente des faits présentés par Dupuis, qui nous paraît partielle sinon tendancieuse, et qui lui permet de défendre sa thèse, à savoir que les émotions ressenties au cours de la possession découlent des postulats culturels du contexte étudié et non d'un rôle actif d’entités non-humaines ou esprits. L’auteur endosse des prémisses naturalistes/physicalistes qui refusent par avance toute réalité aux phénomènes surnaturels et empêchent de véritablement comprendre et analyser la perspective de Takiwasi. Cette démarche s’assimile à une posture a priori reposant sur des présupposés philosophiques qui ne devraient pas figurer dans un travail de recherche scientifique. Dans cette perspective subjectiviste, ce travail de recherche nous renseigne davantage sur les représentations personnelles de l’observateur que sur celles des sujets observés. Plutôt que de classer les récits des informateurs comme des « interprétations » imaginatives à rejeter d’emblée, le chercheur pourrait saisir les données fournies par les sujets observés comme une opportunité de faire émerger de nouvelles compréhensions théoriques.

Dr. Jacques Mabit.


LIRE LE PREMIER ARTICLE: Réponse à l’article « les racines émotionnelles de la possession religieuse. Une ethnographie comparative »

LIRE LE DEUXIÈME ARTICLE: L’importance du point de vue de l’objet d’étude dans la recherche ethnographique. Un cas emblématique concernant le Centre Takiwasi

Partager